C'est un truisme de le dire: tout un abîme sépare l'esthétique classique de l'esthétique symboliste. La première s'en tient à une poésie définie comme imitation des actes humains pour donner les exigences du drame, du lyrisme et de l'épopée. Le langage y demeure Pinstrument du poète. Les symbolistes au contraire remettent en cause la nature même de la poésie. Ils ne se demandent plus si l'imitation de la nature doit être physique ou psychologique, si le drame doit obéir aux trois unités, si la poésie doit être personnelle ou impersonnelle. Toutes ces questions leur semblent secondaires, car elles négligent la nature de la poésie. Et comme cette nature réside pour eux dans le langage, lédtude de la parole va désormais sollicter les peines des chercheurs. De fait, linguistes et philosophes portent si loin leurs lumières dans ce domaine que les arts poétiques d'Horace et de Boileau semblent des données primaires devant leurs recherches. Est-ce à dire que tout soit merveille dans les études qui tombent de leur plume? qu'il faille mettre Racine aux oubliettes et que les pré-décesseurs se soient mépris quand ils traçaient la carte du pays des Muses? Non pas. Les analyses, profondes sans doute, ne sont pas toutes à rctenir. Elles tiennent parfois des positions périlleuses et font des prestiges d'acrobatie pour garder l'équilibre. Mais les questions sont nettes et permettent de saisir les côtés inadmissibles de leurs thèses. Ce qui est déjà indiquer une solution. Grâce à leurs travaux, il est possible dès lors d'entreprendre une étude sur l'origine du langage poétique pour se demander si ce langage est naturel ou conventionnel.